En 1980, j'ai vingt ans et je photographie pour la première fois en même temps que je commence à travailler à divers postes dans le cinéma. Avec l’argent gagné, j'acquiers mon premier appareil un Nikon FE2 avec un 50 mm qui a été mon compagnon pendant plus de vingt cinq ans.
Aucun sujet ne m’est interdit : photos de rue, photos de famille, photos de tournage, photos de voyage. L’exigence que représente cette focale fixe me conduit à mieux voir le monde à travers ce prisme, proche de la vision humaine.
Cet appareil FE2 m’a été volé dans un appartement à Paris. J’ai alors acquis un Nikon F3 toujours avec un 50 mm qui ouvre à 1,4, à la recherche de la lumière ultime, d'une profondeur de champ nouvelle.
Plus tard, j'ai perdu un autre appareil en mer, acheté un petit FE puis un autre m'a de nouveau été volé. Mon ami Didier Nion, cinéaste m'a offert un gros Nikon F4 qu'il pensait utiliser sur un de ses films. J'ai ainsi une petit collection de Nikon et quelques objectifs que je n'utilise guère.
Parfois j'ai songé à Leica, mais c'était trop tard et surtout trop cher. La technique n'est pas ma passion première mais elle est nécessaire, j'en ai appris les bases sur des plateaux de cinéma.
J’aime la photographie de rue que j’associe volontiers à une chasse, à un jeu de cache-cache où la concentration et l’instant s’affrontent, où le hasard s’organise devant soi, où la lumière conduit nos jambes, nos bras, où chaque oeil se concentre l'un à travers l'oeilleton, l'autre sur l'environnement, les alentours ce qu'on appelle le hors-champ.
Je pratiquais au gré de mes journées de travail, il y a quelques années encore. Parfois entre deux rendez-vous, après un tournage ou un atelier ou durant un voyage mais le plus souvent c'est à Paris ou en banlieue parisienne que je marche appareil à la main avec l'exquis sentiment que tout peut arriver.
Je crois à "'instant décisif " et je m'y astreint de façon, un peu stupide comme à une pratique Zen. Une seule image par sujet. J'apprendrai que Henri Cartier-Bresson, mon héros faisait souvent plusieurs images d'une scène, sautillant comme un chat autour de sa proie. Pas grave je persiste à tenter l'image juste une seule à chaque fois et bien sûr ça ne marche pas toujours.
Il m’arrive parfois de poursuivre un passant pour faire son portrait, dans un face à face où la confiance se donne ou se refuse dans l’instant. Il m'arrive aussi de prendre une image par surprise, en me cachant un peu.
Suis-je un voleur d'âmes, un chineur de reflets, un témoin, un esthète, un amoureux du jour et de la nuit, un passionné de la gent humaine ? Je ne sais pas trop, comme je ne sais pas trop le pourquoi du noir et blanc ou de la couleur... Ce que je sais en revanche c'est que j'essaie d'avoir avec moi toujours un film noir et blanc et un film couleur et que je choisis l'un ou l'autre en fonction de la lumière et de mon état intérieur.
Je me souviens avoir parlé avec un grand photographe qui n'avait pas apprécié que je dise devant quelques personnes assemblées que nous étions des voleurs, nous autres les photographes. Il avait vertement refusé ce terme, en disant que si on s'y prenait rapidement personne n'avait le temps de nous voir... ? Son observation m'avait laissé pour le moins pantois.
Desormais j’ai 65 ans et je ne me lasse toujours pas des surprises provoquées par la photo argentique. J’aime ce temps de latence entre la prise de vue et la découverte du cliché que je scanne moi-même.
Sur ce site, j'ai rassemblé des images en les classant par lieux, par thèmes parfois. Il y aussi des photos Panoramiques que je reconstitue moi-même avec PhotoShop, à partir à partir de deux ou trois images prises au 50 mm. Quelques images numériques s'y sont glissées ce sont les seules sur le site...
Vous trouverez aussi deux Pdf à télécharger avec des textes qui accompagnent les images. J'ai aussi ajouter un carnet filmé en Inde du Sud, un film de cinquante minutes, tourné avec un téléphone portable et monté par les soins.
N'hésitez pas à m'envoyer un message par mail si vous souhaitez des informations.
Bon voyage à vous
